Mardi 22 janvier, Samia Chabani, de l’association Ancrages, a organisé pour nous une visite de l’ancien quartier des tuileries à Saint-André. Nous avons eu la chance de rencontrer plusieurs témoins, au cours de cette visite, dont Annie, une des dernières habitantes de la courée située à l’impasse Rey. Annie Galves a plus de quatre-vingt ans, elle est veuve, comme les deux autres dames qui vivent là. Il y a aussi un monsieur, plus jeune, qui habite un des logements de la courée.
Mais d’abord, qu’est-ce qu’une courée ?
C’est un petit ensemble de logements construit pas les propriétaires des tuileries pour loger leurs ouvriers. Ces logements sont disposés sur deux rangées avec une cour commune très étroite. Le nom de « courée » vient sans doute de cette cour commune à tous les habitants.
Les logements sont petits, ils n’ont pas d’étages et comptent quatre pièces au maximum.
Annie nous a dit que des familles avec quatorze enfants y ont vécues, à l’époque où son propre mari travaillait aux tuileries, c’est-à-dire il y a une quarantaine d’années.
À cette époque, il n’y avait pas encore l’eau courante dans les logements et tout le monde devait se débrouiller avec une grosse caisse à eau située au fond de la cour. Une caisse à eau est un grand réservoir posé en hauteur afin qu’il y ait un peu de pression et qui était alimenté au goutte à goutte avec l’eau de la ville. Chaque famille pouvait y prendre l’eau dont elle avait besoin pour la journée, mais à tour de rôle, car il fallait économiser cette eau. Les habitants les plus anciens se servaient les premiers.
Pour faire leur toilette, les habitants de la courée utilisaient l’évier. Il n’avaient pas de douche et se lavaient avec un simple gant et à l’eau froide.
Il n’y avait pas non plus de W-C et les gens utilisaient une « tinette ». La tinette est une sorte de seau dans lequel on fait ses besoins. Chaque matin, le « pistou » passait avec sa charrette et sa grande cuve pour récupérer le contenu des tinettes. Le « Pistou », c’est le nom que l’on donnait au monsieur qui faisait ce travail.
Annie nous a dit que les familles qui vivaient dans la courée s’entraidaient beaucoup ; quand il y avait des travaux de réparation ou d’amélioration, tout le monde s’y mettait. Par contre, elle nous a dit aussi que le tuilier, qui était propriétaire de la courée, n’a jamais fait de réparations ni d’amélioration des logements qu’ils louaient à ses ouvriers.
Depuis les années 1970, les habitants ont l’eau courante et le tout-à-l’égout qui leur permet d’avoir des W-C.
La courée de l’impasse Rey a été revendue à une société civile immobilière et Annie ne sait pas si elle pourra y rester jusqu’à la fin de ses jours, ce qu’elle souhaiterait car elle y a ses amies.
Tarek, Kiyan, Laura, Sabrina, Saoirse, Luka, Driss et Soni
La courée de l’impasse Rey, à Saint-André